La réforme des structures organisationnelles, des méthodes de travail et des procédures administratives garantes de la transparence, est essentielle pour établir le cadre d’une fonction publique professionnelle, gage d’une administration publique qui assure l’efficacité de l’État tout en visant son efficience, essentielle pour rationaliser la gestion des finances publiques.
En République Démocratique du Congo, le Président Félix Tshisekedi s’est engagé à bâtir un État stable, pacifique et prospère, fondé sur des institutions démocratiques solides, pour faire face aux défis énormes de développement socio-économique du pays, en général, et aux causes fondamentales des conflits armés qui perdurent et ne cessent d’ensanglanter les populations vivantes dans la partie est du pays, particulier.
Il est évident que cela passera inévitablement par la création des conditions favorables à l’amélioration et au renforcement de la transparente dans la gestion publique, notamment la gestion des ressources humaines et financières, et ce, en combattant vigoureusement la corruption, la concussion, les malversations économiques et financières, et les emplois fictifs payés par des fonds publics, qui saignent à blanc l’économie et les finances du pays et nuisent à l’amélioration rapide des conditions de vie de la population.
Le gouvernement des Warriors, qui a des idées de l’orientation à prendre en matière de politiques publiques et des objectifs à atteindre, devra néanmoins pouvoir compter sur une administration publique professionnelle, composée d’un personnel possédant des connaissances et compétences essentielles à une saine gestion publique et résolu à exécuter efficacement les politiques publiques. Seulement voilà, depuis des années, la réforme de l’administration publique congolaise n’a que très peu progressé et demeure fondamentalement traditionnelle.
Il importe donc de réformer, non pas la fonction publique congolaise, mais bien l’administration publique congolaise, pour permettre un bon fonctionnement des politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement. Cela devra passer ultimement par la réforme des structures organisationnelles, des méthodes de travail et des procédures administratives garantes de la transparence et essentielles pour établir le cadre d’une fonction publique professionnelle, efficace et exempte de toute ingérence politique.
Point n’est besoin d’insister ici sur la différence entre l’administration publique et la fonction publique. Toutefois, il convient de clarifier brièvement que l’administration publique est chargée de gérer et de diriger les affaires publiques en suivant les directives du pouvoir exécutif de l’État. Elle dispose pour se faire de différents types de moyens pour assurer l’intérêt général, notamment les moyens juridiques (prérogatives de puissance publique), les moyens matériels et les moyens humains dont la fonction publique composée des fonctionnaires. En terme simple, la fonction publique est au service de l’administration publique.
Ceci étant dit, l’administration publique en tant qu’un ensemble des structures, du personnel et des moyens que l’État met au service de sa population, a pour objectif essentiel d’assurer des services considérés comme utiles à la société. Elle a donc pour mission principale de matérialiser l’exercice des pouvoirs publics, notamment par la mise en œuvre efficace des politiques publiques initiées par le gouvernement.
Or, l’administration publique congolaise actuelle est fondamentalement lourde et intrinsèquement peu efficace, pour accompagner efficacement le gouvernement qui a des objectifs à atteindre à court, moyen et long termes.
Qu’est-ce qu’il faut vraiment réformer ?
Pour espérer atteindre des objectifs qu’il s’est fixés, le gouvernement des Warriors devra accorder une attention particulière à la mise en place d’une administration publique moderne et professionnelle, pour attirer les investissements étrangers créateurs de richesses et d’emplois.
Une série de réformes indispensables devront être exécutées de toute urgence dans l’administration publique congolaise pour plus d’efficacité, d’efficience et d’économie. Il faudrait impérativement revoir les structures fonctionnelles actuelles, les moyens matériels nécessaires et les ressources humaines actuellement pléthoriques.
En ce qui concerne notamment les ressources humaines, un volet important de cette réforme devra consister à la formation et au perfectionnement professionnel continus, nécessaires pour optimiser le rendement des fonctionnaires et agents publics. La jeune École nationale d’administration (ENA) de la RDC, comme instrument de l’État au service de son administration publique, devra s’assurer que tous les employés de l’État ont une compréhension commune de leur rôle en tant que fonctionnaires et agents publics, qu’ils ont une bonne compréhension de l’action publique, et ont les connaissances et les compétences requises pour faire leur travail de façon efficace et professionnelle.
En effet, dans une administration publique professionnelle, un fonctionnaire travaille au service de l’intérêt général. Il est astreint à des règles strictes dans l’exercice de ses fonctions. Il se doit d’assurer un traitement impartial, de respecter la neutralité, d’obéir à la hiérarchie, de ne faire état à des tiers ni divulguer à l’extérieur du service des informations confidentielles dont il a eu connaissance dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, hormis les exceptions prévues par la loi.
Des programmes de formation et de perfectionnement pertinents devraient être envisagés notamment sur le comportement des agents publics en matière de transparence, d’éthique publique, d’intégrité et de lutte contre la corruption, et ce, en vue d’augmenter leur niveau de professionnalisme. La modernisation de l’administration publique congolaise devra se concentrer notamment sur la gestion efficace, responsable et transparente des ressources, le renforcement des capacités des agents publics dans la planification, la gestion des finances publiques et la reddition des comptes.
À toutes fins utiles, si le gouvernement des Warriors voudrait promouvoir une fonction publique professionnelle, il devra se doter d’un plan d’action détaillé qui examine toutes les pistes de solutions à mettre en place pour une administration publique efficace et faire preuve de détermination nécessaire pour mener à bien une telle réforme.
Isidore KWANDJA NGEMBO, Analyste des politiques publiques