L’abus d’opioïdes et de cannabis est supérieur aux moyennes mondiales en Afrique de l’Ouest et du Centre, tandis que le trafic de cocaïne dans la région finance la violence des militants au Sahel, ont déclaré lundi les Nations Unies dans un rapport.
L’instabilité croissante en Afrique de l’Ouest, voie de transit des drogues illégales en provenance d’Amérique du Sud vers l’Europe, a facilité la production et le trafic de drogue, générant des revenus pour les groupes armés, a déclaré l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
La drogue est également devenue un problème de santé publique en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec 9,7% des personnes âgées de 15 à 64 ans ayant consommé du cannabis en 2020, contre 3,8% dans le monde, indique l’agence dans un rapport.
Les opioïdes, en particulier le tramadol, avaient été consommés par 2,4 % du même échantillon de population, contre 1,2 % dans le monde. La toxicomanie était surtout un problème chez les hommes de moins de 35 ans.
La lente reprise après la pandémie de coronavirus, la spirale de la crise humanitaire au Sahel et l’impact de la guerre en Ukraine pourraient exacerber la consommation et le trafic de drogue si les gouvernements ne réagissaient pas aux signes avant-coureurs, a indiqué l’agence.
Un trafic qui exacerbe le terrorisme
Si 90 % de la cocaïne est saisie sur les routes maritimes, des quantités importantes ont également été interceptées au Niger, au Burkina Faso et au Mali depuis 2021.
Les régions frontalières de ces pays sont un point chaud d’activités djihadistes violentes, certaines liées à Al-Qaïda et à l’État islamique, qui ont pris de l’ampleur et du terrain au cours de la dernière décennie.
La violence a tué des milliers de civils et déplacé des millions de personnes dans la région, suscitant des frustrations qui ont alimenté un coup d’État militaire en 2020 au Mali et un autre au Burkina Faso cette année.
Le trafic de cocaïne intercepté dans les pays côtiers au sud du Sahel, principalement la Guinée-Bissau, la Gambie et la Côte d’Ivoire, a souvent aussi des liens financiers avec les zones de conflit, a indiqué l’agence.
Au moins 57 tonnes de cocaïne ont été saisies ou en route vers l’Afrique de l’Ouest entre 2019 et 2022, selon l’ONUDC, dont plus d’un tiers ont été retrouvées au Cap-Vert.
Les conclusions faisaient partie du Rapport mondial sur les drogues 2022 de l’ONUDC présenté lundi en Côte d’Ivoire.