Pour atteindre ses ambitions pour les élections législatives du 31 juillet prochain, la coalition doit déjouer le piège des ambitions parmi les responsables pour éviter une cassure.
Pour faire face aux démons de la division, la coalition Yewwi Askan Wi qui souhaite imposer, pour la première fois au Sénégal, la cohabitation au régime actuel, a adopté une nouvelle formule d’investiture pour la députation. Seulement le choc des egos semblent ne pas faciliter les choses.
C’est un nouveau départ. Une nouvelle ligne de conduite. Pour éviter les erreurs du passé et se renforcer à l’interne, la coalition Yewwi Askan Wi a opté pour une nouvelle dynamique pour réussir ses investitures, en prélude aux élections législatives du 31 juillet prochain. Après l’expérience des élections territoriales du 23 janvier, Yewwi qui s’est lancée depuis un certain temps dans les investitures pour la députation fait face à des problèmes internes. Pour empêcher que les mêmes problèmes des locales réapparaissent pour les investitures aux prochaines législatives, Yewwi a décidé de revoir sa copie. Dans une circulaire datée du 24 avril 2022, la commission en charge des investitures de Yewwi dirigée par l’ancien ministre Habib Sy, suite à l’avis de la conférence des leaders a décidé, compte tenu des courts délais pour le dépôt des candidatures à la base, d’alléger davantage le processus des investitures de la coalition. Ainsi des décisions ont été prises. Yewwi invite d’abord les coordonnateurs départementaux et les présidents des commissions départementales à arrêter immédiatement les assemblées générales des investitures. Puis la commission nationale des investitures appelle chaque parti et mouvement de parti à procéder à ses propres investitures. Enfin, les leaders des partis et mouvements politiques présenteront chacun, leurs candidats investis au conseil de médiation et arbitrage qui statuera en dernier ressort et donnera son avis sur les probables candidatures. Mais à près de trois mois des élections législatives, Yewwi pourrait-elle faire face au choc des ambitions ? Entre opérationnalité de la nouvelle formule d’investiture adoptée par la conférence des leaders et les batailles internes de la coalition, Yewwi ne risque –t-elle pas de tomber dans le piège des ambitions ?
Pour le journaliste–formateur et analyste politique, Ibrahima Bakhoum, cette nouvelle formule de Yewwi, demandant à chaque parti ou mouvement politique de faire sa propre investiture « peut être une manière de dire chaque entité, si vous ne pouvez pas vous entendre en interne, n’amenez pas vos crises au sein de la grande coalition. C’est-à dire ne contaminez pas le reste de la coalition ». Autrement dit, l’analyste politique fait savoir que cette nouvelle démarche de la conférence des leaders de Yewwi invite les différentes entités à régler leurs problèmes internes d’abord avant de rejoindre la grande coalition. C’est une bonne méthode qui peut épargner la coalition des divisions, des listes parallèles ou même des frustrations. « Cette démarche peut sauver la coalition de certaines dispersions et de la cassure qui réduirait ses forces », estime Ibrahima Bakhoum.
C’est une bonne démarche qui peut sauver Yewwi de la dispersion »
En terme d’ambitions politiques, Ibrahima Bakhoum rappelle qu’il y avait beaucoup plus de responsables politiques à élire pour les Locales que pour ces Législatives. Le nombre de députés est plus restreint que celui des conseillers municipaux. Donc si avec les Locales il y avait déjà des problèmes, les difficultés ne manqueront pas pour les investitures aux Législatives. « Comme les gens ne parvenaient pas à s’entendre aux élections locales où il y avait une plus grande représentativité, il sera alors plus difficile avec les Législatives où on doit choisir un nombre plus réduit de candidats. Mais au-delà des ambitions des uns et des autres, il faut que les gens acceptent qu’ils sont en politique et qu’ils se réclament de la démocratie. Et la démocratie suppose une acceptation des règles du jeu, de discussion, de consensus d’une minorité et d’une majorité », soutient il
« Il y a des risques d’une cassure et de candidatures parallèles »
Aujourd’hui, même si la nouvelle démarche de Yewwi reste une bonne formule pour faire face aux démons de la division, le journaliste-formateur, Ibrahima Bakhoum fait comprendre qu’avec la possibilité d’une fusion avec la coalition Wallu Sénégal, c’est seule la pacification qui pourrait sauver Yewwi. « Car il n’est pas dit que les mêmes qui étaient frustrés lors des Locales et qui s’étaient tus ne reviendront pas pour exiger leur candidature. Ce sont ces petits problèmes qui peuvent avoir lieu dans les coalitions qu’il faut régler d’abord avant que la conférence des leaders ne décide en dernière position ». En dehors de ces petits désaccords, Ibrahima Bakhoum indique que la coalition doit aussi faire face à l’autre équation du temps. Ibrahima Bakhoum : « Est-ce que les différentes formations qui composent la coalition disposeront de suffisamment de temps pour régler tous les problèmes ? Ce n’est pas une mince affaire de régler tous ces problèmes avant d’arriver à la table de la conférence des leaders. C’est bien qu’ils procèdent à une sorte de primaire, c’est démocratique, ça évite qu’un appareil décide à la place de certaines entités.»
Ramatoulaye