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Guerre Ukraine –Russie : les raisons de l’abstention du Sénégal



L’Organisation des Nations Unies a organisé une session d’urgence pour se pencher sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Le Sénégal et certains autres pays ont opté pour l’abstention.
 
La guerre entre l’Ukraine et la Russie est aussi une guerre froide avec deux blocs qui s’affrontent politiquement et économiquement. Beaucoup de pays refusent de s’aligner à l’un ou l’autre pôle. Le Sénégal en fait partie et son vote est cohérent et pertinent. Il faut puiser les raisons dans le non-alignement historique.
La guerre en Ukraine et les votes aux Nations-Unies célèbrent la pertinence du non-alignement. Cette doctrine explique les attitudes de certains pays à l’image du Sénégal. Elle surprend aujourd’hui que certains grands leaders se seraient remués dans leur tombe. Le combat du Mouvement des non-alignés a toujours été une des dynamiques des relations internationales. Ce non-alignement qui renvoie certains à cette époque de la guerre froide qui est aujourd’hui de retour. Un monde bipolaire où les deux blocs s’affrontent. Des pays alors membres du Mouvement des non-alignés refusent d’être impliqués dans un conflit qui leur est étranger. Ainsi c’est cela qui donne du sens à la position du Sénégal et à celle de certains autres États. D’ailleurs, pour rappel sur le combat des non-alignés, dans une « couverture des réunions AG/11836 soixante et onzième session, 25e séance – matin », il est titré : « Assemblée générale : le Mouvement des non-alignés refuse d’être ‘’la caisse de résonance’’ du Conseil de sécurité dans la nomination du secrétaire général ».
 
Le vote sénégalais est un vote de cohérence
Le Mouvement des non-alignés est créé en septembre 1961 à Belgrade dans l’ex-Yougoslavie aujourd’hui Serbie. Son président d’alors, Josip Broz Tito, son homologue égyptien Gamal Abdel Nasser et le Premier ministre de l’Inde Jawaharlal Nehru en étaient les initiateurs. Cependant, il faut remonter à la conférence de Bandung (en Indonésie) du 18 au 24 avril 1955 pour comprendre les soubassements de ce mouvement. L’organisation de cette « conférence de solidarité afro-asiatique » était une décision de la Birmanie, du Ceylan devenu Sri Lanka, de l’Inde, de l’Indonésie et du Pakistan. Des représentants de vingt-neuf pays et des dirigeants de trente mouvements de libération nationale avaient participé à cette rencontre dont la décision majeure était le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’attachement à ce principe fonde le vote sénégalais et autres non-alignés contre l’invasion russe en Ukraine. Un vote de cohérence sans corrélation avec l’abstention sur la prise d’autres mesures contre la Russie.
Le non-alignement n’est pas un neutralisme
La conférence de Bandung, c’était aussi la condamnation du colonialisme, de l’apartheid. La proposition du désarmement, de l’interdiction de l’arme nucléaire et des armes de destruction massive. La proclamation du respect des droits humains et de la Charte des Nations-Unies. Elle jetait donc les bases du non-alignement qui n’est pas un neutralisme. Cette idée d’indépendance vis-à-vis des deux blocs dits Est et Ouest, sera à l’origine de la rencontre de 1956 en ex-Yougoslavie, entre le maréchal Josip Tito, Gamal Abdel Nasser et Jawaharlal Nehru. Ils allaient porter sur les fonts baptismaux le Mouvement des non-alignés qui se distinguera par son rayonnement diplomatique. L’adhésion à ce mouvement s’articulait autour de cinq règles : la non appartenance à une alliance militaire, le soutien aux mouvements de libération nationale, la non conclusion d’une alliance avec une autre puissance, le non établissement de bases militaires étrangères sur son territoire.
Au demeurant, ce dernier principe sera atténué pour faciliter l’adhésion d’États nouvellement indépendants. Le dix-huitième et dernier sommet du Mouvement des non-alignés s’est tenu en octobre 2021 à Belgrade, en Serbie. Le fait marquant de sa conférence de 1964 au Caire était la grande adhésion des nouveaux États africains. Suivront les conférences de Lusaka en Zambie en 1970, Alger en 1973, Colombo au Sri Lanka en 1976, La Havane (Cuba) en 1979, New Delhi (Inde) en 1983, Harare au Zimbabwe en 1986, Belgrade en 1989, Jakarta en Indonésie en 1992, Carthagène des Indes (Colombie) en 1995, Durban en Afrique du Sud en 1998, Kuala Lumpur (Malaisie) en 2003, La Havane en 2006, Charm el-Cheikh en Egypte en 2009, Téhéran en 2012, Porlamar (Vénézuela,) en 2016, Bakou en Azerbaïdjan en 2021.
 
Le mouvement des Non-alignés et l’ordre international
Dans un article de Recherches internationales n° 77, l’économiste chercheur Michel Rogalski, écrit : « (…) Le Mouvement fut à l’origine d’une démarche ambitieuse qui porta très vite ses fruits. Dès 1963, le ‘’Groupe des 77’’ se constitue à l’Onu et relaie l’influence du Mouvement au sein des institutions internationales. C’est le front diplomatique. Puis, en 1964, viendra le front économique avec la création de la Cnuced, organisme des Nations-Unies pour le commerce et le développement qui jouera le rôle d’un véritable laboratoire d’idées et de bureau d’études au service du Tiers-monde et sera (…) l’un des rares lieux de production intellectuelle à même de contrer les analyses économiques du Fmi, de la Banque mondiale ou de l’Omc ».
 
Pour Michel Rogalski, « l’expression la plus constituée des analyses portées par le Mouvement des Non-alignés sera cristallisée dans le projet de Nouvel ordre économique international prôné à partir du Sommet d’Alger en 1973 et présenté à l’Assemblée générale des Nations-unies qui le ratifiera en 1974. Aujourd’hui, nombre des analyses qui traversent la mouvance altermondialiste doivent – souvent à son insu – à ce document qui, partant des exigences internes nécessaires au développement des pays, inventoriait l’ensemble des conditions internationales qui devaient l’accompagner et le rendre possible ». Le combat pour un ordre international juste a, entre autres, toujours mobilisé le Mouvement des non-alignés. Cette organisation prône une réforme de l’Organisation des Nations-Unies. Elle veut sortir l’assemblée générale de l’Onu « de son statut mineur quasiment consultatif (…). Le Conseil de sécurité doit être plus largement ouvert aux pays du Sud… Le rôle du Conseil économique et social doit être renforcé ».
Ramatoulaye
 
 

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