Les enseignes de la grande distribution ont repris la guerre de prix avec leurs fournisseurs, créant des relations tendues avec leurs partenaires privilégiés.
Quelques mois après la publication d’un rapport de l’Assemblée Nationale dénonçant les pratiques des géants de la grande distribution avec leurs fournisseurs, et malgré les efforts réalisés pendant le dernier confinement, il semblerait que les enseignes françaises aient repris leurs mauvaises habitudes. Un constat très négatif dressé par un député UDI, qui semble pencher vers la mise en place de nouveaux dispositifs pour combler les lacunes actuelles.
Des relations complexes entre les supermarchés et leurs fournisseurs
La loi Egalim (qui a été promulguée en 2018) devait permettre d’aplanir les relations, et la fixation des prix entre les supermarchés et leurs fournisseurs agricoles en France. Le problème est que plus de 2 ans après, le constat est loin d’être aussi glorieux qu’on aurait pu le penser.
En effet, la crise actuelle a mis à mal l’état des négociations entre grande distribution et fournisseurs. Et les enseignes sembleraient profiter de leur position dominante pour imposer des politiques de prix très difficile à soutenir pour les agriculteurs.
Comme chaque année, les négociations commerciales qui ont débuté il y a peu pour l’année 2021 ont ainsi témoigné de la reprise des mauvaises habitudes. Le député Thierry Benoit a ainsi estimé que les agriculteurs français étaient littéralement pris à la gorge, considérés comme une variable d’ajustement pour la grande distribution qui leur impose des prix insoutenables pour pouvoir offrir des réductions (comme les récentes promo Leclerc que les consommateurs peuvent consulter sur des plateformes comme cataloguemate.fr).
Cependant, la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs n’est pas pour l’élu une justification suffisante pour exercer une telle pression sur les fournisseurs (agriculteurs et transformateurs) qui peinent à joindre les deux bouts.
Après un élan de solidarité, la guerre des prix a repris de plus belle
Après une accalmie pendant le confinement, les difficultés que rencontrent certains hypermarchés (comme Carrefour) par opposition aux distributeurs indépendants (comme Leclerc) a poussé ces premiers à reprendre une guerre des prix très mal venue pour les fournisseurs.
De nombreuses filières agricoles se trouvent en effet dans une situation intenable, notamment en raison des restrictions à l’export, mais aussi de la hausse du prix des matières premières et de mauvaises récoltes successives. Elle est d’autant moins acceptée que malgré certaines difficultés, la grande distribution sort comme la grande gagnante de la crise actuelle.
Thierry Benoit préconise donc de poursuivre les négociations entre distribution et producteurs. Et de mettre en place un index de prix tenant compte des réels indicateurs de coût et de production afin de protéger les agriculteurs. Il espère également mettre un coup d’arrêt à la création ou l’extension de nouvelles grandes surfaces pendant une période de trois années. Et de créer plus de transparence dans les marges bénéficiaires telles qu’elles sont actuellement pratiquées dans la distribution alimentaire française.
Espérons que ces préconisations seront entendues. Le secteur agricole français en a bien besoin !