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Football Leaks : La justice confirme le futur procès du lanceur d’alerte Rui Pinto



Les avocats du lanceur d’alerte portugais Rui Pinto ne se faisaient guère d’illusion avant l’annonce de la justice de son pays. Vendredi 17 janvier, depuis le tribunal de Lisbonne, la juge d’instruction Cláudia Pina a listé les 93 charges retenues contre le « hacker » de 31 ans. Ce dernier est à l’origine des révélations des « Football Leaks ».

La majeure partie des 147 accusations portées à l’encontre de Rui Pinto par le parquet portugais (tentative d’extorsion de fonds, sabotage, crimes d’accès illégitime, piratage informatique et violation du secret des correspondances) ont été retenues par la justice. Le procès du trentenaire pourrait se tenir au Portugal cette année. La juge d’instruction a déclaré que M. Pinto ne « pourrait jamais être considéré comme un lanceur d’alerte », pointant le caractère « illicite » de sa démarche.

Le jeune homme est incarcéré à Lisbonne depuis mars 2019 et son extradition avait été autorisée par la Hongrie, où il résidait. Rui Pinto, alias « John », n’a plus été entendu par la justice portugaise depuis sa première audition, en mars, et sa détention provisoire a été maintenue.

En janvier 2019, un mandat d’arrêt européen avait été émis puis élargi par le Portugal à l’encontre de M. Pinto. Le fonds d’investissements Doyen Sports, apôtre de la tierce propriété des joueurs (TPO), et le Sporting Club Portugal lui reprochent d’avoir « hacké » leur système informatique à l’automne 2015. Il est accusé d’avoir tenté d’extorquer Doyen Sports, en échange d’une somme comprise entre 500 000 et un million d’euros. Ses avocats estiment que ce dernier grief a été avancé pour « criminaliser » leur client à l’origine de la plus grande fuite de l’histoire (10 téraoctets de données informatiques, 10 000 milliards d’octets).

« Des six infractions évoquées lors du mandat d’arrêt européen, on passe à 93. Le principe de spécialité lié à l’extradition est gravement déchiqueté quand on multiplie par 15 les charges retenues. Les conséquences juridiques en seront donc tirées, confie William Bourdon, l’avocat de Rui Pinto. Plus personne ne peut douter que les autorités portugaises sont davantage zélées à criminaliser Pinto plutôt que les réseaux criminels portugais révélés par les Football Leaks. L’asymétrie est totale».

« La justice portugaise ayant terminé son instruction contre Rui Pinto, elle a l’obligation de mener une action coup-de-poing contre les plaignants de cette affaire qui baignent dans le crime organisé dénoncé par Rui Pinto », réagit l’avocat suisse Philippe Renz, représentant de la société helvétique de management de joueurs Sport 7, laquelle a commencé en 2017 à s’attaquer à  la zone de non-droit du milieu des agents du football, notamment au Portugal.  Dans l’intervalle, celui-ci doit être libéré sans délai et il ne pourra être jugé valablement que lorsque les pratiques illicites et criminelles de ces acteurs auront été instruites et renvoyées elles aussi devant la justice.

En novembre 2018, Rui Pinto a été entendu comme témoin par le Parquet national financier (PNF). Il a remis 12 millions de fichiers informatiques aux enquêteurs français.  Pinto est, en outre, en contact avec les autorités fiscales allemandes et a été auditionné, en mars, par le magistrat fédéral belge Julien Moinil. La plupart des données sont chiffrées et le lanceur d’alerte est désireux de les rendre utilisables quand sa détention sera levée.

D’autre part, les procureurs français, suisses et belges avaient envoyé aux autorités hongroises une demande de « coopération européenne », dans le cadre d’Eurojust (l’Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne), pour entendre M. Pinto comme témoin et obtenir les données saisies.

A l’initiative de la France, plusieurs pays européens (France, Allemagne, Belgique, Suisse, Portugal, Espagne) avaient tenu une réunion et organisé un point presse, en février, à La Haye (Pays-Bas), pour évoquer le cas Rui Pinto, qui avait permis au consortium European Investigative Collaborations (EIC), dont Mediapart fait partie, de multiplier les révélations. Lesquelles ont entraîné la condamnation, en 2019, de la star portugaise Cristiano Ronaldo et de l’entraîneur José Mourinho pour fraude fiscale.

Depuis la mise en détention de son client, Bourdon multiplie les initiatives auprès des organisations internationales. En septembre 2019, il a envoyé un courrier à David Kaye, rapporteur spécial des Nations Unies sur la protection et la promotion du droit à la liberté d’opinion et d’expression, afin de l’alerter sur « les abus des autorités portugaises ». Le dossier est actuellement examiné par M. Kaye.

L’avocat de Rui Pinto a aussi prévu de déposer une plainte auprès de la Commission européenne la semaine prochaine. « Le procès de Pinto sera un grand procès avec des témoins de premier rang qui permettront de démontrer qu’il est un exceptionnel lanceur d’alerte », insiste Me Bourdon. Au magazine allemand Der Spiegel, Rui Pinto avait récemment fait cette confidence, teintée de fatalisme : « Le football est intouchable ».

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