Il y a de cela trois mois que le poumon économique de l’Afrique de l’ouest, le Nigéria a annoncé unilatéralement la fermeture partielle de ses frontières avec son voisin, l’ex République du Dahomey. La principale raison de cette fermeture a bel et bien été invoquée. Il s’est agit d’une stratégie pour empêcher la circulation entre les deux nations des produits de contrebande qui affluent chaque jour dans le marché nigérian.
À premier abord, cette mesure a semblé cibler la République béninoise, mais au fur et à mesure du temps, les inquiétudes commencent à surgir tant dans le pays de Patrice Talon que dans toute la partie ouest du continent.
Après analyse succincte de l’histoire, on voit clairement que cette décision de fermeture des frontières béninoises n’est pas un fait inédit dans l’historique du Nigéria. Pour certains citoyens béninois, il s’agit d’ailleurs d’une situation assez récurrente, le pays du géant Buhari aurait pris cette décision du fait de certaines épisodes de tensions électorales ou politiques qui avaient même déjà conduit à de telles situations, dans un passé pas très loin .
Pour remonter un peu l’histoire, en 2003, par exemple, au moment de l’affaire Hamani Tidjani, un receleur qui convoyait des véhicules volés entre le Nigéria et le Bénin , le géant de l’Est avait décidé de fermer sa frontière. Cela a été une occasion qui avait fait grimper le prix de l’essence de contrebande dite « kpayo » ou « boudè » en langue locale, un carburant favori d’une grande partie de la population béninoise.
Ce qui surprend un peu est le fait que la décision prise par la République nigériane en août dernier semble particulièrement inquiéter les opérateurs économiques de la sous-région, et ce, malgré la répétition des fermetures de frontières comme celui toujours en cours. C’est en fait dû non seulement à la durée de la mesure, mais également à l’intransigeance affichée par les responsables et acolytes du Président Muhammadu Buhari qui veulent coûte que coûte mettre fin à la contrebande entre les deux pays. « Le Nigeria ne pouvait plus croiser les bras en regardant de tels pays prospérer au détriment de notre économie », avait raisonné le Contrôleur général des douanes nigérianes, le colonel Hamid Ali.
D’un autre côté à ne surtout pas oublier, ce blocus que constitue désormais la situation frontalière entre le Nigéria et le Bénin entraîne des pertes pour le Nigéria, mais largement plus pour le Bénin. En effet le trésor public a déjà perdu pas moins de 110 milliards à cause de cette résiliation de trafic entre les deux pays. C’est un chiffre qui n’est en fait pas trop étonnant, d’autant que les trafics enregistrés au travers des 773 kilomètres de frontière qui ralie le Bénin et le Nigéria, notamment 80% de trafics informels, 20% de contribution directe au PIB, et 55% d’échanges commerciaux, tout ceci dans l’intérêt absolu de l’ex-république du Dahomey.