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Face au péril djihadiste, la Côte d’Ivoire fourbit ses armes

Les pays de la côte ouest-africaine, déjà aux prises avec la crise du Coronavirus et ses conséquences économiques, doivent désormais se battre contre une nouvelle hydre : le djihadisme. Il est loin le temps où ce mot se résumait à la seule zone du Sahel. Comme prévu par les experts, le djihad islamique sort de son lit sahélien et nigérian et commence à contaminer les pays côtiers. La Côte d’Ivoire représente une cible de choix. Première puissance francophone de la région, Abidjan affiche une croissance économique robuste et des liens séculaires avec la France, l’un des ennemis déclarés des djihadistes.

Si en 2016, le pays a pu éprouver la réalité de la menace en subissant les attaques de Grand-Bassam, le péril a changé d’ampleur. Ainsi que le soulignent les experts, la Côte d’Ivoire n’est plus désormais face à des adversaires qui se déplacent sur des centaines de kilomètres depuis le Nord du Mali pour venir frapper sur son territoire. La menace est plus proche et plus insidieuse. Une partie du territoire sert de réservoir aux potentiels terroristes. En effet, la région du Bounkani bénéficie d’une proximité géographique avec le Burkina Faso. Cette proximité favorise la contagion de la nation éburnéenne. Le 10 juin 2020, le pays perd 14 militaires dans l’attaque du poste militaire de Kafolo, à la frontière avec le Burkina Faso.

L’heure du réveil

En effet, Abidjan a pris la pleine mesure d’une situation qui peut rapidement devenir explosive. La première réponse à la crise a été de nature politique. Le terrorisme ne prospérant que sur des terrains où il vient trouver la division, il était urgent pour le pays d’en finir avec le passif de la crise post-électorale de 2011. Si ce chantier n’est pas encore achevé, le retour au pays de l’ancien Président Laurent Gbagbo, le 17 juin dernier, constitue une avancée majeure susceptible de calmer les vieilles rancœurs. Aujourd’hui, plus que jamais, la Côte d’Ivoire doit rechercher la réconciliation entre ses fils. C’est devenu un impératif de sécurité nationale.

Sur le volet purement opérationnel, Abidjan s’est récemment dotée d’une Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT). Ce centre, qui a été officiellement ouvert le 10 juin dernier, était déjà opérationnel depuis quelques mois et a formé 300 stagiaires venus de plusieurs pays de la région. En outre, le ministère de la Défense a doté l’armée de véhicules blindés. Signe de l’engagement du pays à éliminer le mal à la racine, le président Alassane Ouattara s’est engagé à investir 1% du produit national brut (PNB) dans la lutte anti-terroriste.

Pour que ces mesures vigoureuses portent leurs fruits, l’exécutif doit désormais aller encore plus loin en améliorant sa lisibilité du phénomène et en mobilisant ses forces vives. « Mieux qu’au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la Côte d’Ivoire héberge le capital culturel de son salut, à condition que ses dirigeants s’en persuadent à temps et établissent – ensemble et а rebours des luttes internes de préséance – les termes de l’union sacrée contre le terrorisme,», souligne le Timbuktu Institute qui a rédigé un rapport très instructif sur la situation du terrorisme dans le pays. Autrement dit, si la menace terroriste à laquelle doit faire face la Côte d’Ivoire est de plus en plus endogène, la réponse à cette menace appartient également aux Ivoiriens – ce qu’ils semblent avoir compris.

Par Aaron Akinocho, essayiste et analyste de l’actualité africaine 

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