L’Erythrée : un pays fermé et répressif de la Corne de l’Afrique

L’Erythrée, un petit pays pauvre de la Corne de l’Afrique, est connu pour être l’un des Etats les plus fermés et répressifs de la planète. Depuis 30 ans, il est dirigé d’une main de fer par le président Issaias Afeworki.

L’histoire de l’Erythrée remonte à mai 1993, lorsque le pays est officiellement devenu un Etat indépendant, se libérant ainsi de la domination de l’Ethiopie deux ans auparavant.

Depuis lors, le président Issaias Afeworki, considéré comme un héros de l’indépendance, a instauré un régime de parti unique, sans élection, où toute forme d’opposition est sévèrement réprimée. L’Erythrée est souvent qualifiée de « dictature d’un seul homme », avec l’absence de corps législatif, d’organisations de la société civile, de médias indépendants et de système judiciaire indépendant, selon l’ONG Human Rights Watch.

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Les médias indépendants sont interdits depuis 2001 dans le pays, ce qui a valu à l’Erythrée d’être classée à la 174e place (sur 180) dans le classement 2023 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

Situation des droits humains désastreuse

La situation des droits humains en Erythrée est qualifiée de « désastreuse » avec « aucun signe d’amélioration » par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en mars. Les cas de tortures, de disparitions forcées et autres violations des droits humains sont rapportés en toute impunité.

En raison de ces conditions oppressives, des centaines de milliers d’Erythréens ont fui leur pays, cherchant à échapper aux persécutions religieuses, aux arrestations arbitraires et au service national à durée illimitée, qui est assimilé à du travail forcé par les organisations de défense des droits humains.

Une longue lutte pour l’indépendance

L’histoire du pays est marquée par des changements de domination. Après avoir été une colonie italienne de 1889 à 1941, puis sous administration britannique jusqu’en 1952, l’Erythrée devient une « entité autonome » fédérée à l’Ethiopie par une résolution de l’ONU. Elle dispose alors de son propre drapeau, parlement et gouvernement. Cependant, en 1962, l’empereur Haile Selassie proclame l’annexion de l’Erythrée.

Un mouvement indépendantiste, mené par le Front populaire de libération de l’Erythrée (FPLE), se développe et s’engage dans une lutte armée contre la domination éthiopienne. En mai 1991, les forces du FPLE prennent le contrôle d’Asmara et installent un gouvernement dirigé par Issaias Afeworki.

Le 24 mai 1993, après un référendum soutenu par l’ONU, l’Erythrée proclame officiellement son indépendance, privant ainsi l’Ethiopie de sa façade maritime sur la mer Rouge.

Cependant, les relations entre les deux pays restent tendues, et un conflit frontalier sanglant éclate entre 1998 et 2000, faisant de nombreuses victimes et déplacés sans résoudre la question du tracé des frontières.

Rapprochement avec l’Ethiopie

En 2018, un rapprochement entre l’Ethiopie et l’Erythrée commence avec l’acceptation par le gouvernement éthiopien de la démarcation de la frontière fixée par une commission internationale indépendante en 2002. Cela ouvre la voie à la réouverture des ambassades, des liaisons aériennes, des relations commerciales et des lignes téléphoniques entre les deux pays. Ce rapprochement vaudra au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed le prix Nobel de la paix en 2019.

Cependant, l’Erythrée reste confrontée à des controverses internationales, notamment en raison de son implication dans le conflit au Tigré, une région septentrionale de l’Ethiopie. Les forces érythréennes ont été accusées d’exactions sur les civils pendant le conflit, et le pays a été sanctionné par les Etats-Unis en 2021.

Un des pays les moins développés du monde

Malgré ses richesses minières en or, cuivre et zinc, l’Erythrée reste l’un des pays les moins développés du monde, avec un indice de développement humain (IDH) classé à la 176e place sur 191 pays selon l’ONU en 2021. Le pays est également fortement touché par la corruption, se classant 162e sur 180 selon Transparency International.

La population érythréenne, estimée entre 3 et 6 millions d’habitants, dépend principalement de l’agriculture, qui est vulnérable aux aléas climatiques extrêmes de la région. Le pays compte neuf groupes ethniques et une répartition équilibrée entre chrétiens et musulmans, sans langue officielle bien que le tigrinya, l’arabe et l’anglais soient les plus utilisés.

Enfin, la capitale Asmara est célèbre pour son architecture moderniste coloniale italienne et est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Avec sa situation géopolitique complexe et ses enjeux socio-économiques, l’Erythrée demeure un pays à surveiller de près sur la scène internationale.