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Endeavour-La Mancha : le rêve doré de Naguib Sawiris en Afrique



Depuis 2012, l’ex-magnat égyptien des télécoms a investi plus de la moitié de sa fortune dans l’or, secteur rentable et valeur refuge en période de crise. Son ambition : devenir un producteur de premier plan en Afrique. JA lève le voile sur les recettes qui ont fait son succès.

« Est-ce que l’or vous intéresse? » En avril 2012, lorsque Naguib Sawiris entend cette question, sait-il qu’elle mettra en branle une réorganisation majeure de ses actifs en Afrique ? Anticipe-t-il que huit ans plus tard, à la fin de mars 2020, l’une de ses sociétés, Endeavour Mining, s’engagera dans une fusion-acquisition amicale de Semafo – une opération valorisée à 1 milliard de dollars canadiens (650 millions d’euros) – qui pourrait devenir l’un des trois premiers groupes aurifères du continent, derrière Barrick et AngloGold ?

À l’époque, Naguib Sawiris a déjà cédé Orascom Telecom au russe Vimpelcom et va boucler la vente de l’égyptien Mobinil au français Orange pour 1,5 milliard d’euros. Le nabab africain des télécoms, père de quatre enfants, qui s’apprête à fêter ses 58 ans (en juin), pense de plus en plus à la structuration de son patrimoine, mais reste à la recherche de nouveaux défis. Aussi, quand le fils aîné d’Onsi Sawiris est sondé sur ses intentions une fois la transaction finalisée avec l’opérateur français, il a une idée en tête.

L’acquisition de La Mancha, une question à 325 millions d’euros réglée en trente minutes

« J’apprends qu’Areva vend sa filiale La Mancha Resources », annonce à Naguib Sawiris une source qui connaît bien le dossier. Le natif du Caire perçoit rapidement l’opportunité. Outre l’existence d’une industrie aurifère dans son pays d’origine, il sait que ce secteur est rentable et que l’or constitue une valeur refuge, moins susceptible de s’effondrer dans des moments de crise. « Le dossier La Mancha a été défendu pendant trente minutes seulement avant que Sawiris demande qu’une lettre officielle lui soit présentée le lendemain. Trois mois plus tard, en juillet, il avait racheté la filiale d’Areva », décrypte notre source.

La Mancha Resources, coté à Toronto, est à cette époque une « belle endormie » : une société émanant de l’État (entités souvent mal gérées) et dont les opérations peuvent être fortement améliorées. L’entreprise rachetée pour 325 millions d’euros par Weather II Investments, le véhicule d’investissements contrôlé par Sawiris, comprend des actifs d’importance secondaire (« non core assets » dans le jargon du métier) : les mines d’or d’Ity en Côte d’Ivoire, de Hassaï au Soudan (qui recèle aussi du cuivre), de Frogs Leg et White Foil en Australie, ainsi que des projets en Argentine et en France.

Le milliardaire égyptien place à la tête de La Mancha le Français Sébastien de Montessus, après que l’ancien responsable des mines d’Areva a été poussé vers la sortie, en mars 2012, à cause d’une rocambolesque histoire de surveillance concernant son ancienne marraine, Anne Lauvergeon, patronne pendant dix ans du groupe minier hexagonal. En quelques années, Sébastien de Montessus, descendant d’une famille de l’ancienne noblesse du Centre-Est français, s’impose comme l’un des hommes clés de la stratégie minière du porte-étendard de la nouvelle élite libérale du Caire, fondateur du parti The Free Egyptians, bien représenté au Parlement.

Rachat de 30 % d’Endeavour Mining, pierre angulaire de l’offensive

Le premier investissement aurifère de Naguib Sawiris a réveillé le côté « joueur qui prend des risques » du milliardaire copte. Très vite, La Mancha Resources, qui bientôt se retirera de la Bourse pour se transformer en société privée, cède pour 90 millions de dollars à Khartoum ses actifs soudanais, jugés trop risqués. Le groupe enchaîne avec un premier rachat : 30 % d’Endeavour Mining contre 63 millions de dollars et le transfert des parts que La Mancha détenait déjà directement dans la société minière d’Ity en Côte d’Ivoire.

Endeavour Mining, enregistré aux îles Caïmans, avec un bureau central à Londres, va constituer la pierre angulaire de l’offensive de Sawiris dans le métal jaune en Afrique. Le rapprochement stratégique La Mancha-Endeavour permet en effet au magnat de mettre la main sur un portefeuille d’actifs en Afrique de l’Ouest.

Cette région devient « le terrain de jeu » d’Endeavour, comme nous le confie Sébastien de Montessus. « Notre focus avec Naguib a toujours été l’Afrique, une région que l’on connaît bien », ajoute-t-il. La compagnie australienne est alors présente au Ghana (mine d’or de Nzema), en Côte d’Ivoire (Agbaou et Ity) et au Burkina Faso (Karma et Tabakoto, et un projet minier à Houndé).

En 2015, en suivant le même scénario qu’avec Endeavour, La Mancha se rapproche d’une autre compagnie : l’australien Evolution Mining. Ce producteur d’or reprend les actifs australiens de La Mancha tandis que cette dernière devient l’actionnaire de référence et le partenaire stratégique de la compagnie cotée à Sidney, moyennant un investissement au capital de 100 millions de dollars australiens (72,6 millions d’euros à l’époque) pour accompagner son développement.

Après la Côte d’ivoire et le Burkina, il prend pied au Mali avec la reprise d’Avnel Gold Mining

La Mancha se retrouve dès lors en position de holding avec deux participations clés, de quelque 30 % chacune : dans Endeavour et dans Evolution. C’est à cette époque, au début de 2016, que Sébastien de Montessus et Vincent Benoit – un ancien d’Areva et des équipes fusions-acquisitions d’Orange recruté par La Mancha en février 2013 comme vice-président exécutif chargé de la stratégie – sont dépêchés aux commandes d’Endeavour, respectivement en tant que directeur général et directeur des finances et du développement.

Accompagnés du géologue Patrick Bouisset, un autre ancien d’Areva, ils s’attèlent à la restructuration d’Endeavour. Les challenges sont multiples : la mise à niveau et l’extension de la mine d’or d’Ity, en Côte d’Ivoire, ou encore le lancement de celle de Houndé, au Burkina Faso. Résultat : en 2019, Endeavour a extrait 651 000 onces d’or de ses mines, à un coût de production de 818 dollars par once pour une marge opérationnelle de 260 millions de dollars, contre 466 000 onces, 1 010 dollars de coût unitaire et 35 millions de dollars de marge en 2014.

Malgré ces progrès, tout n’a pas été rose pour Endeavour, qui n’a jamais versé de dividendes, affirmant vouloir d’abord maximiser la génération de trésorerie. De plus, sa tentative, en 2017, de racheter Acacia Mining auprès de son rival Barrick n’a pas abouti. Mais son offre de reprise d’Avnel Gold Mining pour 120 millions de dollars, cette même année, s’est concrétisée et a permis à Endeavour de prendre pied dans l’or au Mali, cette fois encore avec le plein soutien de Naguib Sawiris, qui remet 60 millions de dollars au capital d’Endeavour, consolidant sa participation de 30 %.

Renforcement d’un holding toujours plus diversifié

En parallèle, la direction, qui a quitté les bureaux de la rue du faubourg Saint-Honoré, dans le 8e arrondissement de Paris, pour le quartier de Kensington, à Londres, en janvier 2017, rationalise le portefeuille d’Endeavour. Elle cède, cet été-là, sa mine d’or ghanéenne Nzema au groupe privé local BCM International pour 65 millions de dollars, quittant ainsi une juridiction que les équipes d’Endeavour estiment « compliquée ». Et commence à réduire la voilure de l’exploitation Tabakoto, en fin de vie, au Burkina Faso, et qui sera finalement vendue à Algom Resources Ltd, filiale de BCM, en décembre 2018, pour 70 millions de dollars.

L’année 2018 marque un tournant dans l’or pour Sawiris. Pour la première fois, sa stratégie d’investissement à la tête de La Mancha semble s’éloigner de celle d’Endeavour. Des banquiers sont venus présenter à l’homme d’affaires égyptien une opportunité de placement dans le producteur d’or ghanéen Golden Star Resources, opérateur de deux mines souterraines qui ont besoin d’être optimisées. Mais ce deal n’intéresse pas Endeavour.

D’abord parce qu’il venait de quitter ce pays, et, en plus, les sites proposés « ne correspondent pas complètement au métier d’Endeavour, le souterrain étant plus dangereux et plus complexe que les opérations à ciel ouvert », comme l’expliquait à l’époque Vincent Benoit à Jeune Afrique Business+.

Alliance stratégique

Si Endeavour regimbe devant cette offre, La Mancha la saisit et acquiert en direct, pour plus de 125 millions de dollars en liquide, une minorité significative, soit quelque 30 %, dans un producteur d’or, cette fois-ci basé à Londres. Dès 2019, Andrew Wray et Graham Crew, alors CEO et directeur exécutif de La Mancha, deviennent respectivement président et CEO, et Chief Operating Officer de Golden Star, en accord avec la stratégie de prise de contrôle du management de Naguib Sawiris.

L’opération est également en ligne avec « le ticket moyen d’investissement du holding d’environ 200 millions de dollars, même si des prises de position plus petites ne sont pas exclues », détaille Karim-Michel Nasr, vétéran des équipes de Naguib Sawiris, nommé en 2019 à la tête de La Mancha. Illustration de la flexibilité du holding : l’investissement de 11 millions de dollars canadiens réalisé en février pour acquérir 35,5 % dans la junior Altus Strategies, coté à Londres et disposant d’un portefeuille de projets dans l’or et le cuivre notamment, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Éthiopie, au Maroc et au Mali.

La divergence de points de vue concernant Golden Star ne signifie en rien un éloignement entre la direction d’Endeavour et celle de La Mancha. Bien au contraire, comme le prouve la dernière opération de taille lancée par les deux partenaires. À la fin de mars, Endeavour a lancé le rachat de Semafo, très présent au Burkina Faso, pour une valeur estimée à 1 milliard de dollars canadiens.

La transaction permettrait à Endeavour, qui détiendrait 70 % du capital de l’ensemble formé par les deux groupes, de passer le cap du million d’onces extraites par an, soit un tiers de plus que sa production de 2019. Signe de la solidité de l’alliance stratégique entre les deux groupes miniers, La Mancha s’est dit prêt à injecter 100 millions de dollars pour permettre au nouvel ensemble (dont il contrôlera 25 % du capital) de faire avancer ses projets en Afrique de l’Ouest.

Investir le secteur aurifère naissant en Égypte, vieux rêve bientôt réalisé ?

Pour certains observateurs, cette transaction confirme que Sawiris maintient deux fers au feu : d’un côté La Mancha, holding d’investissement minier, qui prend des participations importantes mais minoritaires, et de l’autre Endeavour, compagnie aurifère opératrice, centrée sur l’Afrique de l’Ouest francophone.

LA MANCHA, HOLDING D’INVESTISSEMENT MINIER, PREND DES PARTICIPATIONS IMPORTANTES MAIS MINORITAIRES

Mais le duo de choc minier de Naguib Sawiris peine cependant à réaliser un vieux rêve du tycoon égyptien : investir dans le secteur aurifère, naissant, de son pays natal. Une tentative en 2018, via Endeavour, auprès de Centamin, l’unique producteur industriel de métal jaune d’Égypte, avait reçu un refus net de Josef El-Raghy, alors DG, aujourd’hui président du conseil d’administration. De nouvelles discussions plus poussées l’année suivante n’ont pas permis de trouver un accord.

 

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« Nous n’avons jamais réussi à obtenir de réponses à nos questions techniques sur la qualité de la mine. Et après quatre alertes sur résultats émises en deux ans par Centamin, qui a nommé un DG par intérim en décembre 2019, nous avons préféré ne pas poursuivre », confie Sébastien de Montessus.

Shalateen Mineral Resources Company, la nouvelle cible

Le but de la manœuvre était de placer Endeavour à la pointe du secteur minier naissant du pays des Pharaons, alors que les autorités du Caire procèdent actuellement à l’assouplissement de la législation. Peu favorable, celle-ci s’inspirait jusqu’à présent du code pétrolier et imposait, entre autres, l’obligation de créer une coentreprise détenue à 50 % par un partenaire local, rappelle Mark Campbell, patron d’Aton Resources, présent en Égypte, qui se félicite de l’abandon de cette contrainte et de « la fin de l’interventionnisme étatique ».

Malgré l’échec du rapprochement avec Centamin, Naguib Sawiris a depuis rebondi et jeté son dévolu sur une nouvelle cible : Shalateen Mineral Resources Company (SMRC). Cette société, une autre « belle endormie », est contrôlée par l’État et dispose d’actifs non exploités dans la zone de la mer Rouge et près de la frontière soudanaise.

Des discussions sont en cours pour une prise de contrôle de 51 % du capital. En parallèle, le milliardaire compte démarrer un fonds d’investissement minier – comme le révélait Jeune Afrique Business+ en février – afin de mieux valoriser l’expertise, désormais reconnue, des équipes de La Mancha et d’Endeavour en matière d’optimisation d’actifs aurifères. S’il n’est pas encore prophète en son pays, Naguib Sawiris n’a aucune intention de s’arrêter en si bon chemin.


L’état-major de La Mancha

  • Karim-Michel Nasr, directeur général

Directeur financier de La Mancha jusqu’en mai 2019 (un poste non remplacé), ce diplômé de l’université Paris-Dauphine a succédé en février à Andrew Wray aux commandes de la compagnie. Karim-Michel Nasr avait déjà travaillé auprès de Naguib Sawiris de 2000 à 2005, chez Orascom Telecom,  avant de rejoindre Weather Investments, le véhicule d’investissement du milliardaire égyptien.

  • Vincent Benoit, conseiller de Naguib Sawiris, administrateur de La Mancha

Vincent Benoit a été nommé en 2016 vice-président exécutif et directeur financier de Endeavour Mining, contrôlé à 30 % par La Mancha, holding de Naguib Sawiris. Titulaire d’un MBA de l’ESC Bordeaux (sud-ouest de la France), il avait auparavant été chargé de la communication financière chez Areva, avant d’intégrer ce poste chez Orange, puis celui de responsable des fusions-acquisitions chez l’opérateur de télécoms.

  • Andy Whitfield, vice-président chargé des évaluations

Diplômé en finance des métaux et de l’énergie de l’Imperial College de Londres, ce Britannique a commencé sa carrière chez Glencore, à Kolwezi, en RD Congo, avant d’œuvrer, entre autres, comme analyste chez ArcelorMittal, à Londres, puis à La Mancha depuis août 2019.

  • Simon El Beze, vice-président chargé du développement

Également issu de l’Imperial College de Londres et de Supelec, Simon El-Beze a démarré son parcours comme analyste en 2013 au sein de Wood Mackenzie, un groupe de conseil et de recherche spécialisé, avant de s’orienter vers la banque d’affaires et d’investissements (Société générale, BMO Capital Markets), puis de rejoindre La Mancha, à la fin de 2018.

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