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[Édito] L’Afrique dans l’isoloir



Les élections sur le continent africain sont à la fois un rendez-vous démocratique et l’expression d’une atrophie des libertés. De Conakry à Bangui, en passant par Abidjan, les présidentielles à venir ne pourront qu’être impactées par le fort taux d’abstention des deux catégories susceptibles d’impulser le changement démocratique dans les urnes : les couchées aisées et les jeunes.

Chaque début d’année depuis un bon demi-siècle, avec la régularité d’une pendule, Freedom House publie son index de la liberté dans le monde, bons et mauvais points à l’appui.

Parfois critiquée pour sa proximité avec la diplomatie américaine, l’ONG ne ménage pourtant pas l’administration Trump : sur l’index 2020, qui vient de paraître, les États-Unis réalisent un score démocratique en net déclin, inférieur à celui de la plupart des pays européens et à peine supérieur à celui de la Corée, du Panama ou de la Mongolie.

Bon an mal an, les classements de Freedom House font donc autorité, et le contenu du célèbre planisphère tricolore qui les accompagne, divisant le monde en trois catégories de pays (libres, partiellement libres, non libres), est scruté avec attention par la communauté internationale.

Qui de l’Afrique cette année ? Une stagnation, voire une régression globale, avec néanmoins quelques motifs de satisfaction. On notera ainsi les progrès réalisés en RDC, au Soudan, à Madagascar, en Éthiopie et en Mauritanie.

Atrophie des libertés

A contrario, on relèvera la dégradation de la « note démocratique » du Mozambique ou de la Tanzanie, et le fait que sur les neuf États considérés comme « libres » dans le précédent index, deux rejoignent le ventre mou des « partiellement libres » : le Sénégal et le Bénin.

Dans ces deux vitrines de la démocratie en Afrique francophone, la tenue en 2019 de scrutins d’où furent exclus de facto des leaders ou des partis d’opposition dont la participation aurait été légitime, selon Freedom House, explique ce changement de catégorie.

Quand on sait qu’en cette année 2020 des présidentielles sont attendues en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Burkina, au Niger, en Centrafrique, au Burundi ou au Ghana, la question se pose : pourquoi les élections avec une pluralité de candidatures, qui désormais sont la règle sur le continent (à l’exception de l’Érythrée), sont-elles à la fois un rendez-vous démocratique et l’expression d’une atrophie des libertés ?

Casse-tête

Une partie de la réponse se trouve dans l’analyse des résultats de différents sondages réalisés ces cinq dernières années par le réseau de recherche panafricain Afrobarometer et repris récemment par The Economist.

Ils démontrent qu’en Afrique subsaharienne les deux catégories les plus susceptibles d’impulser le changement démocratique dans les urnes – les couches aisées et les jeunes – sont celles qui votent le moins. Si, en Occident, les riches urbains votent plus que les pauvres des zones rurales, c’est ici l’inverse.

Les élections africaines ne se jouant en général ni sur les débats de société ni sur les questions de justice sociale ou fiscale, la minorité fortunée sait que le résultat, quel qu’il soit, n’affectera pas sa position privilégiée.

En nul endroit, sur un continent où la part de la fiscalité dans le PIB est de moitié inférieure à ce qu’elle est dans les pays de l’OCDE, les alternances politiques ne se sont traduites par plus d’impôts pour les riches. D’où le déficit d’enjeu et donc de motivation électorale chez ces derniers. Quant aux jeunes, on sait que, partout dans le monde, y compris lorsque les élections sont parfaitement libres, leur taux de participation est faible, en particulier dans les villes.

À ce phénomène global, amplifié par la fréquentation quasi exclusive des réseaux sociaux – qui n’ont en général que faire de la notion de citoyenneté – comme source d’information et d’inspiration, s’ajoutent en Afrique le casse-tête du processus d’inscription sur les listes électorales et le désir qu’éprouvent 42 % des jeunes de 18 à 25 ans (selon Afrobarometer) d’émigrer. Quand on veut tenter sa chance ailleurs, c’est qu’on a abandonné l’idée de changer l’ordre des choses chez soi.

Démocratisation de la fraude

Le résultat de cette double tendance à l’abstentionnisme, joint aux découpages électoraux privilégiant les campagnes au détriment des villes dont les pouvoirs en place se méfient, fait que presque partout les couches les plus modestes, les moins éduquées et les moins urbanisées sont surreprésentées parmi les électeurs du continent.

Or cet électorat a trois caractéristiques qui ne favorisent ni l’alternance ni l’individualisation du vote, chère aux théoriciens de la démocratie. Il est légitimiste, fortement communautarisé et… aisément achetable, tout au moins aux yeux des politiciens.

Pouvoirs et oppositions s’efforcent, chacun avec leurs moyens, de jouer de ces trois cartes, au point que ce qui bien souvent définit le degré de crédibilité d’une élection en Afrique, ce n’est pas la transparence « à la norvégienne » du scrutin, mais l’égale possibilité offerte à chaque acteur d’influer sur les résultats. La démocratisation de la fraude en quelque sorte.

L’époque des « big men » au pouvoir passée de mode

De Conakry à Bangui, en passant par Abidjan, les présidentielles à venir ne pourront qu’être impactées par cette caractéristique, laquelle demeure fondamentale, même s’il n’est guère politiquement correct de la souligner.

En conclure que tout change pour que rien ne bouge serait pourtant une erreur. Si les présidents Issoufou, Ouattara et Nkurunziza ont décidé de – ou renoncé à – briguer un mandat de plus en 2020, c’est aussi parce que l’époque des « big men » au pouvoir à durée indéterminée est passée de mode.

L’invalidation, le 3 février, par la Cour suprême du Malawi, de l’élection du président Peter Mutharika pour cause de grosse tricherie et d’utilisation massive du Tipp-Ex sur les procès-verbaux est une quasi première sur le continent (seule la Cour kényane en avait fait de même en 2017). Elle pourrait encourager d’autres juridictions de ce type sur la voie de l’indépendance.

Enfin, l’engouement suscité auprès de la jeunesse urbanisée par des leaders d’opinion résolument en marge de la classe politique traditionnelle, comme Bobi Wine, en Ouganda, et Ousmane Sonkho, au Sénégal, démontre que cette catégorie d’âge est loin d’être aussi apathique que le suggèrent les sondages. Pour peu qu’on sache lui démontrer l’utilité de son vote.

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