Sous réserve de l’issue du recours devant le conseil constitutionnel, la messe semble être dite sur le sort de la liste départementale de Yewwi Askan Wi à Dakar qui a finalement été déclarée irrecevable par la Direction générale des Elections. L’instance a en fait la notification à Déthie FALL, mandataire national de ladite coalition. Suite à la sortie musclée de Barth qui serait sacrifié par ses « frères ennemis », YAW semble plongée dans la tourmente des investitures qui pourraient sonner, sinon sa fin, du moins son implosion. Une analyse de ce feuilleton politico-judiciaire sur fond d’aveux et de tentatives manipulations, s’impose.
L’échec d’une stratégie de communication sur fond de victimisation
Au tout début de cette affaire qui avait fait les choux gras de la presse, la DGE était été prise pour cible. L’angle de communication initiale de YAW, qui s’est révélée aussitôt infructueuse, consistait à faire porter le chapeau aux agents de la DGE, qui semble-t-il, auraient modifié la « bonne liste » départementale déposée par la coalition Yewwi Askan Wi.
On se rappelle encore du regrettable bras de fer qui a opposé le maire Barthelemy Dias aux forces de l’ordre, devant la Direction générale des élections. Cette stratégie de communication sur fond de victimisation aurait sans doute pu porter ses fruits, n’eut été les querelles au ras des pâquerettes que la coalition YAW n’a pas réussi à contenir dans l’intimité dans ses réunions secrètes. Le linge sale ne s’est pas lavé en famille, dirait-on…
La DGE lavée à grande eau. Et Macky SALL aussi…
Les frustrations et les conflits internes ont vite eu raison de la dynamique de YAW. En effet, après la DGE, le rejet de la liste départementale de la coalition de YAW sera imputé à Saliou Sarr, coordonnateur national de la coalition Taxawu Sénégal. Déthié Fall soutient lui avoir délégué son cachet et sa signature au moment des dépôts de la liste des investies. Le mandataire de YAW note que quand il a pris connaissance « des agissements » de Saliou Sarr, il s’est levé « pour engager une procédure ».
Cette accusation sera vite battue en brèche par l’intéressé lui-même. Dans une déclaration rendue publique, il a démenti être le responsable d’un supposé changement de la liste du scrutin majoritaire du département de Dakar, déposée par YAW. Et pour cause, l’homme précise, à juste titre, qu’il n’est pas désigné mandataire de la coalition.
« Je tiens à informer l’opinion nationale et internationale, que n’étant pas le mandataire national de YEWWI ASKAN WI, je ne peux en aucun cas déposer une liste de cette coalition, encore moins à en changer le contenu », assène-t-il.
Et comme pour enfoncer le clou, 10 (dix) partis politiques et de mouvements de YAW, au détours d’une conférence presse, ont étalé au grand jour, les maux de leur coalition qui ont pour noms Khalifa SALL et Ousmane Sonko. Ces derniers ont été désignés par leurs collaborateurs comme responsables du rejet de la liste départementale de YAW à Dakar. Une aubaine pour la DGE lavée à grand eau, après avoir été trainée dans le bourbier politique.
Barth, l’Agnon du sacrifice ?
Au-delà du contentieux purement électoral né de cette affaire, une réflexion s’impose. Barth aurait-il été sacrifié par son mentor politique Khalifa SALL ou par son ami Ousmane Sonko ? En d’autres termes, à qui pourrait profiter une descente aux enfers de l’actuel maire de Dakar ?
Cette question vaut son pesant d’or eu égard à la composition hétéroclite de la coalition YAW qui regroupe en soin des leaders aux intérêts antagonistes. Ainsi, il est peu probable qu’Ousmane Sonko, fort de sa position au sein de l’opposition, ait intérêt à voir Barth prendre du galon en devenant député- maire.
De même, Khalifa SALL qui dit à qui veut l’entendre qu’il sera candidat en 2024 sera certainement peu enclin à participer à l’essor politique d’un Barth qui pourrait constituer un obstacle à des ambitions politiques. D’ailleurs, nous théorisions dans l’une de nos précédentes analyses que Barth devenu maire pourrait signer la fin de Khalifa SALL.
Dès lors, l’hypothèse d’un complot en vue de l’invalidation de la liste départementale de YAW à Dakar n’est pas à écarter. Qui en serait l’auteur ? Mystère boule de gomme !
Quand Ousmane SONKO essaye de sauver les meubles …
Alors que le bateau YAW tanguait en eau trouble, le silence intriguant de Ousmane SONKO avait fini de susciter beaucoup de commentaires. Visiblement dépassé par l’ampleur des dégâts, le leader du Pastef savait qu’une erreur de communication supplémentaire serait fatale pour l’avenir de cette coalition à laquelle il tient tant, pour « imposer » un rapport de force au régime.
Ainsi, a-t- il essayé, au détours d’une communication faite d’aveux et de menaces, de caresser dans le sens du poil Khalifa SALL, Barthelemy Dias et tous ses collaborateurs, afin d’éviter l’imposition de YAW.
Et comme à son habitude, il faut, par tous les moyens, trouver une brèche pour ne pas dédouaner le régime, son éternel bouc émissaire. Qu’à cela ne tienne ! Mais, force est de constater que nul peut se prévaloir de ses propres turpitudes et qu’en politique les erreurs se payent cache.
YAW devra alors assumer les conséquences de la guerre des tranchées qui sévit en son sein et qui rendent peu probables l’hypothèse d’une cohabitation à l’hémicycle. Celle-ci semble désormais être vouée aux calanques grecs au grand dam de ceux qui rêvaient du Grand Soir de la coalition Yewwi Askan Wi. Ces derniers sont condamnés à constater tristement les prémices d’un faux départ vers une compétition avec un adversaire coriace.