Laurent Gbagbo s’est souvenu d’un ministre, certainement de l’opposition à l’époque, qui jouait à un jeu bien trouble avec lui. Pour montrer à quel point, il était d’un fair-play extraordinaire, l’ancien président ivoirien a relaté les manigances spectaculaires de ce ministre de l’opposition.
Pendant la cohabitation politique qui a été imposée à Laurent Gbagbo durant ses 10 ans de magistère à la tête de l’Etat ivoirien, il y a un ministre de l’opposition qui l’aura marqué. Un ministre de l’opposition qui avait la particularité de le solliciter chaque fois pour des millions, mais qui derrière se fendait en de violentes diatribes contre lui lors de meetings politiques. Racontant cette anecdote aux femmes des détenus des crises post-électorales, Gbagbo affirme:
« Mais je vais vous dire une chose, on m’avait demandé de faire un gouvernement N’zassa. Donc je l’avais fait, et dedans il y a un ministre, dont je tairai le nom, qui chaque fois que je venais en conseil des ministres, me saluait et mettait carrément sa figure presqu’à terre pour me saluer. Mais je le suivais parce que je le connaissais. Nous faisions les conseils des ministres chaque jeudi et il partait dans sa région d’origine, chaque week-end et il m’allumait dans les meetings :
» Gbagbo est mauvais, il vaurien ». Il m’attaquait. Quand je reviens en conseil des ministres, il vient me saluer, avec la tête en bas (Rires). Et puis plus grave, quand on faisait les conseils des ministres le jeudi, il me disait oui monsieur le Président, je dois aller chez moi, j’ai besoin d’argent. Je dis aux gens, donnez lui 2 millions, il prend ça et il s’en va et il m’allume (Rires). Je ne l’ai jamais chassé du Gouvernement, je ne l’ai jamais arrêté mais ça se répétait, tous les jeudis, il venait me demander l’argent pour m’allumer ».
Laurent Gbagbo, sur un ton hilare, explique encore que ce ministre a finalement mis fin à son jeu curieux de lui-même. » Un jour, il m’a vu et s’est mis à rire. Je lui demande pourquoi tu ris ? et il me dit : »Je sais ce que vous pensez quand vous me regardez » . Je dis si tu sais c’est bien, c’est que tu n’es pas trop idiot. Si tu n’es pas fatigué de me demander l’argent, je ne serai pas fatigué de t’en donner. Finalement, il a cessé de me demander l’argent, il a compris que j’avais compris et il a trouvé que c’était grotesque. Mais je veux dire qu’on peut vivre comme ça dans l’humour. Qu’on ne soit pas contraint de mettre quelqu’un en prison, au cachot, parce qu’il n’est pas d’accord avec nous ».
Ce ministre a beaucoup marqué Laurent Gbagbo car cela fait la seconde fois que cette histoire est mise au goût du jour. Lors des campagnes de 2010, Laurent Gbagbo avait déjà évoqué l’histoire de ce ministre particulier du RHDP qui lui demandait de l’argent et l’insultait en même temps.