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Corruption : John Dramani Mahama éclaboussé par l’affaire Airbus



Des proches de l’ancien président sont incriminés dans une enquête sur l’affaire de corruption qui secoue le géant de l’aéronautique européen Airbus. Des révélations qui tombent mal pour John Dramani Mahama, qui briguera un nouveau mandat en fin d’année.

On aurait difficilement pu imaginer cadre plus improbable pour une révélation de cette nature. La scène se déroule en novembre 2010 : Philip Middlemiss, ancienne vedette de la série britannique à succès Coronation Street, se rend avec sa compagne, l’actrice Leanne Davis, à un gala de charité organisé dans l’enceinte d’un club de cricket du nord-ouest de l’Angleterre. En accord avec le thème de la soirée – les psychédéliques années soixante –, l’acteur est vêtu d’un costume trois pièces à carreaux et chaussé de bottines Chelsea. Quand un journal local lui demande quels sont ses projets, la réponse de Middlemiss est pour le moins inattendue. « Je travaille au Ghana, en Afrique de l’Ouest. Le frère de mon meilleur ami en est le vice-président. » Et de poursuivre : « Je m’y suis rendu en pensant réaliser un film, et maintenant je travaille avec le gouvernement. » Le journaliste, manifestement pris de court, lui demande s’il s’agit d’une blague. « Non, non, c’est la vérité ! » rétorque-t-il en riant.

Dix ans plus tard, les résultats d’une enquête visant l’avionneur européen Airbus, menée conjointement par les autorités françaises, britanniques et américaines et portant sur des faits présumés de corruption commis dans vingt-trois pays, y compris au Ghana, éclairent cet échange d’un jour nouveau. Et plongent John Dramani Mahama dans la tourmente.

Une affaire de commissions occultes

Entre 2009 et 2012, John Dramani Mahama était le vice-président du Ghana. Élu par la suite à la tête du pays, qu’il dirigera jusqu’aux tout premiers jours de 2017, il est aujourd’hui soupçonné de corruption dans une affaire de commissions occultes en marge d’un contrat de vente d’équipements militaires d’Airbus à la République du Ghana. Philip Middlemiss, Leanne Davis et le frère de John Dramani Mahama, Samuel Adam Mahama, sont quant à eux soupçonnés d’avoir servi d’intermédiaires entre Airbus et le président ghanéen.

Ces accusations, relayées ces dernières semaines par de nombreux médias locaux ainsi que par le New Patriotic Party (NPP, désormais au pouvoir), sont un coup dur pour ce politique aguerri qui rêve de reconquérir la magistrature suprême et qui a déjà été investi par sa formation, le National Democratic Congress (NDC), pour l’élection présidentielle qui doit avoir lieu en décembre.

Bombe politique

À la fin de mars, un nouveau rebondissement est venu plomber un peu plus sa campagne : le procureur spécial ghanéen, Martin Amidu, qui avait jugé les soupçons de corruption suffisamment crédibles pour ouvrir une enquête le 4 février, a annoncé avoir convoqué quatre « suspects ». Il souhaite entendre Philip Middlemiss et sa collaboratrice Sarah Furneaux, ainsi que Leanne Davis et Samuel Adam Mahama.

Tous les quatre ont la nationalité britannique, et on les imagine difficilement se rendre au Ghana en pleine pandémie de coronavirus pour répondre aux questions de la justice. Mais l’annonce a eu l’effet d’une bombe politique.

N’IMPORTE QUEL JUGE QUI INSTRUIRA UN TEL DOSSIER DISPARAÎTRA

John Dramani Mahama s’est pour l’instant refusé à tout commentaire, mais son avocat a assuré que l’ancien président n’avait reçu aucun pot-de-vin. Le secrétaire général du NDC a, quant à lui, affirmé que la période actuelle, marquée par le Covid-19, n’était pas propice à une telle controverse. « N’importe quel juge qui [instruira] un tel dossier disparaîtra », a par ailleurs lancé Stephen Atubiga, un membre haut placé du parti, provoquant un tollé.

Nombreux sont ceux qui appellent l’ancien chef de l’État à s’expliquer, voire à se retirer de la course à la présidence. Awal Mohammed, porte-parole du NPP, affirme que John Dramani Mahama a perdu toute crédibilité dans la perspective du scrutin à venir. Un avis partagé par Kofi Akpaloo, le candidat du Liberal Party of Ghana. « Que celui qui a piloté une telle transaction puisse continuer à faire campagne sans s’exprimer devant le peuple ghanéen représente pour moi le summum de l’incohérence et de l’opacité », a taclé Yeboah Dame, adjoint au procureur général.

Pour l’instant, John Dramani Mahama poursuit sa campagne, se présentant comme la personne la plus à même de gérer la crise sanitaire. Il s’est récemment fait photographier devant des stocks de masques, dont il déclarait faire don aux personnels soignants, et devant des produits alimentaires destinés aux populations des villes, dont la capitale, Accra, où le confinement est en vigueur.

Une épine dans le pied

L’affaire Airbus est pourtant une véritable épine dans le pied de ce candidat qui a fait de la lutte contre la corruption la pierre angulaire de son programme et de son bilan lorsqu’il était au pouvoir. « La corruption représente au final un meurtre de masse, puisqu’elle prive le gouvernement de ressources pour répondre aux besoins fondamentaux de la population », avait-il déclaré en 2014, à l’époque des faits présumés.

Des Partisans Du Président Sortant John Dramani Mahama, Candidat À Sa Réélection À La Tête Du Ghana, À Accra Le 5 Décembre 2016 .

Ceux-ci sont détaillés dans les dossiers judiciaires rendus publics le 31 janvier par les autorités britanniques et américaines. Ces dossiers, dont Airbus reconnaît la véracité, ne mettent explicitement en cause ni l’ancien président ni ses proches. En effet, dans le cadre de l’accord signé avec l’avionneur, qui clôt les poursuites en contrepartie d’une amende de 3,6 milliards d’euros, les agences de lutte contre la corruption occidentales ont publié les éléments compromettants qu’elles avaient mis au jour, mais en incluant aucun nom.

Pour ne pas empiéter sur les investigations toujours en cours et celles encore à venir, ont-elles expliqué. Ces informations parcellaires ont pourtant suffi pour que la justice ghanéenne décide d’ouvrir une enquête, laquelle a conduit au clan Mahama.

Des liens de parenté connus d’Airbus

En parcourant ces fameux dossiers, on apprend ainsi qu’entre 2009 et 2015 une filiale d’Airbus spécialisée dans le secteur de la défense a engagé le frère d’un élu ghanéen haut placé, ainsi qu’un ami dudit frère et qu’une troisième personne pour servir de partenaires commerciaux dans la vente de trois avions de transport militaire, modèle C295, au Ghana. Airbus savait qu’ils n’avaient aucune expérience préalable dans le commerce international ou dans l’industrie de l’armement, mais connaissait les liens de parenté qui unissaient l’un des trois intermédiaires au membre du gouvernement, et espérait en tirer profit. Toujours selon les dossiers britanniques et américains, Airbus a fait miroiter aux intermédiaires des commissions de près de 5 millions d’euros.

En septembre 2011, un audit externe commandé par Airbus a révélé le pot aux roses : l’un des intermédiaires était de toute évidence proche d’un membre du gouvernement ghanéen. L’avionneur risquait donc d’enfreindre la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers – convention à laquelle l’accord de vente signé un mois plus tôt souscrivait pourtant. Airbus a donc dû renoncer à verser les commissions convenues directement sur le compte d’une société détenue par les intermédiaires. Mais la compagnie n’a pas pour autant abandonné l’idée des versements, tant s’en faut : elle en a simplement opacifié le fonctionnement, faisant transiter l’argent – finalement près de 4 millions d’euros – par l’un de ses partenaires commerciaux en Espagne, moins susceptible d’éveiller les soupçons. Résultat : le Ghana a bel et bien acheté trois avions de transport militaire C295 d’Airbus – deux en 2011 et un autre en 2015. Mais la juge britannique chargée du dossier a estimé qu’Airbus avait cherché, par ces commissions occultes, à obtenir une « faveur indue » de la part d’un membre du gouvernement ghanéen.

Bien que les dossiers judiciaires ne révèlent aucun nom, les éléments qu’ils contiennent permettent d’identifier certains des intervenants. Il y est ainsi indiqué que les intermédiaires ont créé une société au Ghana le 7 décembre 2009, puis qu’une société portant le même nom a été fondée au Royaume-Uni en février de l’année suivante. Or une seule société, Deedum Limited, correspond à cette description, selon le journal ghanéen MyJoyOnline, qui a épluché les registres des sociétés des deux pays.

Toujours selon les enquêteurs, la société ghanéenne à laquelle ils se sont intéressés était détenue par le frère d’un membre haut placé du gouvernement, en poste de 2009 à 2016, et par un acteur de télévision britannique ayant déclaré publiquement être son « meilleur ami ». À les en croire, ce serait justement le cas de Deedum Limited, dont les actionnaires seraient Samuel Adam Mahama et Philip Middlemiss, qui déclarait au Manchester Evening News en 2010 être le « meilleur ami » du frère du vice-président ghanéen.

Adopté par un couple qui l’emmène en Angleterre

Enfin, les dossiers signalent que l’intermédiaire ayant un lien de parenté avec un membre du gouvernement est né au Ghana et a émigré, enfant, au Royaume-Uni, perdant tout contact avec sa famille jusqu’à la fin des années 1990. Or c’est précisément le parcours de Samuel Adam Mahama, tel que le décrit John Dramani Mahama lui-même dans son autobiographie, Mon premier coup d’État, parue aux éditions Bloomsbury en 2012.

John Mahama y écrit que son frère a été adopté par un couple qui l’a emmené en Angleterre alors qu’il n’avait que 9 ans. Pendant des années, poursuit l’ancien président dans son livre, le jeune Samuel a perdu tout contact avec sa famille d’origine… jusqu’en 1997, quand sa mère biologique et lui-même, John, se sont rendus à Londres et l’ont retrouvé.

Simples coïncidences ou preuves à charge ? L’enquête en cours semble pour l’instant privilégier la seconde piste. « Deedum était la société via laquelle Samuel Adam Mahama et ses associés ont prétendu fournir des services à Airbus afin de faciliter les faits de corruption présumés », a déclaré, le 31 mars, le Bureau du procureur spécial, mettant ainsi directement en cause le clan Mahama. Nul doute que les adversaires politiques de l’ancien président s’en serviront pour plomber sa campagne.

 

Crédit: Jeune Afrique

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