Les députés russes ont voté ce mercredi 14 juin 2023, en première lecture, une loi interdisant le changement de sexe, tant sur le plan chirurgical que sur l’état civil, en Russie. Cette décision témoigne de la tendance conservatrice croissante du Kremlin, en plein conflit en Ukraine.

La Douma, la chambre basse du parlement russe, a annoncé dans un communiqué que « le projet de loi établissant une interdiction totale des interventions médicales visant au changement de sexe et de l’enregistrement des changements de sexe sans intervention médicale a été approuvé ».

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Les raisons avancées et les exceptions prévues dans le projet de loi russe

Le texte prévoit cependant des exceptions pour les interventions chirurgicales dans les cas d' »anomalies congénitales » chez les enfants affectant la formation de leurs organes génitaux. Ces opérations devront néanmoins être validées par le gouvernement, selon le projet de loi.

Les députés ont justifié leur initiative en déclarant que « la Russie dispose actuellement d’une industrie développée de changement de sexe, comprenant des médecins malhonnêtes, des psychologues, des organisations et des militants LGBT ». Ils ont ajouté que ces acteurs mènent « leur activité destructrice contre les adolescents et la jeunesse », en reprenant la rhétorique de stigmatisation des milieux LGBTQ+ couramment répandue en Russie.

Le projet de loi s’appuie également sur la Constitution russe, qui, depuis les amendements introduits en 2020, défend les « valeurs familiales traditionnelles » et définit le mariage comme l’union exclusive d’un homme et d’une femme.

La Russie renforce sa politique conservatrice

L’un des auteurs du projet, Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, a déclaré : « Avec cette loi, nous préservons la Russie avec ses valeurs culturelles, ses fondements traditionnels pour nos descendants, et nous créons une barrière pour empêcher la pénétration d’une idéologie occidentale anti-familiale ». Il a exprimé le souhait que les soldats russes qui se battent actuellement en Ukraine « constatent à leur retour que le pays a changé, que leur sacrifice n’a pas été vain ».

En parallèle du conflit en Ukraine, les autorités russes ont renforcé la promotion d’une politique conservatrice en matière de mœurs, en collaboration avec l’Église orthodoxe, au nom des « valeurs traditionnelles », face à l’Occident perçu comme « décadent ».

Depuis 2013, la législation russe interdit la « propagande » homosexuelle, un terme vague qui permet aux autorités d’appliquer des mesures restrictives de manière extensive.