La France a suspendu son aide budgétaire et sa coopération militaire avec la République centrafricaine. L’Elysée accuse le gouvernement centrafricain d’être « complice » d’une campagne de désinformation anti-française soutenue par la Russie.
Une source au ministère français de la Défense a indiqué la situation tendue entre la France et la Centrafrique ce lundi 07 juin à l’AFP. « A plusieurs reprises, les autorités centrafricaines ont pris des engagements qu’elles n’ont pas respectés, tant dans le domaine politique à l’égard de l’opposition qu’en ce qui concerne leur comportement à l’égard de la France, qui est la cible d’une campagne de désinformation massive », a déclaré la source qui a requis l’anonymat.
La source a ajouté que « les Centrafricains sont complices de cette campagne » alors que les Russes sont considérés comme responsables. Pour ce faire, le département français de la Défense a rappelé ses troupes. Cinq soldats français conseillant le ministère de la défense centrafricain sont rentrés en France en avril et l’entraînement militaire a été suspendu, a ajouté la source.
Le ministère français des affaires étrangères a déclaré que l’aide budgétaire de 10 millions d’euros (12,2 millions de dollars) accordée au gouvernement de la RCA serait « suspendue jusqu’à nouvel ordre ». Toutefois, l’aide humanitaire et les autres projets bénéficiant directement à la population centrafricaine, d’une valeur de quelque six millions d’euros, se poursuivront, a ajouté le ministère.
Cette suspension souligne l’ampleur de la rivalité entre la France et la Russie en RCA, une ancienne colonie française ravagée par le conflit et profondément pauvre. Elle reflète également les préoccupations de Paris concernant les campagnes d’influence en ligne ciblant sa présence en Afrique.
La Russie exerce une influence croissante en RCA depuis 2018, date à laquelle elle a envoyé des armes et un important contingent d' »instructeurs » pour former l’armée centrafricaine. De nombreux témoins et ONG affirment que les instructeurs sont en fait des paramilitaires du groupe Wagner, une société militaire privée obscure qui participe activement à la lutte contre les rebelles centrafricains, aux côtés des forces spéciales rwandaises et des casques bleus de l’ONU.