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Au Maghreb, le torchon brûle entre les lycées français et les parents d’élèves



200 millions d’euros ont été débloqués par le gouvernement français pour apaiser les tensions dans les établissements français de l’étranger. Les parents d’élèves continuent de réclamer un rabais sur les frais de scolarité.

« C’est humiliant ! Les Français de l’étranger sont encore une fois bien peu considérés », s’indigne Madeleine Berger Ben Naceur, conseillère consulaire pour les Français de Tunisie et de Libye. La raison de son courroux ? Le rejet par le Parlement tricolore de deux amendements, initiés et adoptés par le Sénat, qui auraient permis à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) de soutenir les parents d’élèves de son réseau durant la pandémie de coronavirus. Le montant proposé était de 45 millions d’euros, quand 40 milliards d’aides ont été distribuées globalement en France pour encaisser le choc de la crise.

La grogne dans les établissements français à l’étranger est générale. En Tunisie, 1 300 familles se sont mobilisées sous le hashtag « #jeretardemonpaiement » pour obtenir une remise sur les frais de scolarité du troisième trimestre. La fin de non-recevoir des établissements scolaires, qui réclament un règlement immédiat de ces frais, et le manque de flexibilité de l’ambassadeur en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, alimentent le mécontentement.

« La continuité pédagogique via internet ne remplace pas l’enseignement direct dans les classes », s’offusque Stéphanie Villars, représentante des parents d’élèves, qui fustige le manque de concertation et « des décisions prises de manière unilatérale ».

Cerise sur le gâteau : les frais de scolarité vont augmenter de 10 % à la rentrée prochaine. « Comme chaque année, depuis que le budget de l’Aefe a été tronqué, grogne Olivier, père d’une élève de CM1. En 2015, une famille payait de 4 280 à 5 360 dinars [de 1 346 à 1 685 euros] par enfant. Cette année, c’est entre 7 200 et 7 850 dinars. » Et le même de rappeler qu’en métropole l’enseignement public est gratuit.

Statuts différents

La même colère s’exprime au Caire, où les écoles françaises font partie des plus chères. Là non plus, « pas d’informations sur un remboursement éventuel du second semestre », se désole une parente d’élève, qui débourse 4 815 euros annuels pour son enfant en maternelle, et 4 190 euros pour l’aîné, qui est en primaire. La mère de famille est d’autant plus indignée que la voix des parents a été entendue ailleurs, à Dubaï par exemple, où le lycée Georges-Pompidou a annoncé un rabais de 20 % de ses frais de scolarité.

Les écoles de Moscou, elles, ont fait le choix de ne facturer que deux mois – au lieu de trois. Des efforts ont aussi été consentis à Barcelone, Porto, Mexico, Lima, Téhéran et Istanbul. L’explication est à rechercher dans le statut de chaque établissement, explique un représentant de l’Aefe : « Certains sont des établissements privés de droit local qui ont le statut d’établissements en gestion directe (EGD), conventionnés et partenaires de l’Aefe. »

Les parents rejettent l’argument d’un revers de main, estimant être floués. « J’ai besoin que l’école reconsidère le rapport qualité-prix des services que nous recevons », insiste une mère de famille, qui souligne que dans chaque pays les « locaux » et les ressortissants de pays tiers paient déjà bien plus cher que les Français.

Depuis Dubaï, une autre se plaint d’un protocole « bien intrusif ». « Outre l’abattement de 20 %, les familles en difficulté peuvent obtenir des aides supplémentaires. Mais il faut produire fiches de paie, relevés bancaires et quittances de loyer. » Des exigences administratives auxquelles il est impossible de ne pas répondre si l’on veut décrocher ces « bourses exceptionnelles destinées aux familles en difficulté financière et directement affectées par cette crise sanitaire mondiale », précise à Jeune Afrique le député des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, M’jid El Guerrab.

Plan d’urgence

Ces bourses, à hauteur de 105 millions d’euros, concernent les élèves de 522 établissements dans le monde – dont 44 000 au Maroc, 6 000 en Tunisie et 2 500 en Algérie –, sans distinction de nationalité. L’élan de solidarité se veut aussi pragmatique.

DEUX TIERS DES ÉLÈVES DES ÉCOLES FRANÇAISES DANS LE MONDE SONT DE FAMILLES ÉTRANGÈRES

« Deux tiers des élèves des écoles françaises dans le monde sont de familles étrangères, détaille El Guerrab. Si nous ne les aidons pas, elles ne pourront peut-être pas revenir l’année prochaine. Cela provoquerait des millions d’euros de déficit pour l’Aefe. » « Il y a des risques majeurs de fermetures d’écoles », abonde le sénateur représentant les Français établis hors de France, Damien Regnard, sur le site lepetitjournal.com.

C’est ce même argument qui est utilisé par la Fédération des associations de parents d’élèves des établissements français à l’étranger (Fapee), qui réclame un plan d’urgence. « Les familles, qui financent 80 % du réseau, sont durement touchées, certaines sont même ruinées, par la crise économique liée à la crise sanitaire. Elles ne peuvent plus assumer ce financement seules et encore moins en assumer davantage », assure le texte de la pétition lancée par la Fapee.

C’EST COMME SI LA FRANCE, POUR FAIRE DES ÉCONOMIES, APPLIQUAIT LES PRINCIPES DE SOUS-TRAITANCE À L’ENSEIGNEMENT

Face à la fronde qui menace, le gouvernement a débloqué ce jeudi 30 avril une enveloppe totale de 200 millions d’euros pour faire baisser la température : 100 millions sont alloués à l’Aefe, 50 millions aux familles fragilisées par la crise, et 50 millions se traduiront en aides sociales d’urgence.

D’autres parents s’interrogent sur la volonté de Paris de maintenir son réseau d’établissements scolaires à l’étranger, rappelant la multiplication d’établissements homologués, la propension à recruter des enseignants locaux et le poids pris par l’Alliance française. « C’est comme si la France, pour faire des économies, appliquait les principes de sous-traitance à l’enseignement », note un parent.

« Nous avons pourtant choisi les établissements français par affinité culturelle mais aussi pour une qualité de prestations, complète une Franco-Tunisienne dont les enfants étaient scolarisés au Québec. L’octroi de labels, même conditionnés par des normes, ne suffit pas. C’est comme si nous avions une copie alors que nous souhaitons avoir l’original. » M’jid El Guerrab, lui, est catégorique : « La France sauvera le réseau, c’est un engagement des ministres et du président de la République. »

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