Les funérailles ont commencé en Ouganda après le massacre qui a eu lieu dans la nuit du vendredi au samedi 17 juin dans un lycée de Pondwe, près de la frontière avec la République démocratique du Congo. Selon le dernier bilan, 41 personnes ont perdu la vie, principalement des élèves, dont certains ont été brûlés vifs.
Les autorités ougandaises accusent le groupe terroriste islamiste ADF d’être responsable de cette attaque, la pire du genre en Ouganda depuis 2010. Les témoignages des survivants décrivent des scènes d’horreur inimaginables.
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Une tragédie inimaginable
Les victimes ont été attaquées à coups de machettes, abattues par balles ou brûlées vives. Elias Kule, un rescapé de 18 ans, a raconté à l’AFP : « Ils étaient en tenue de camouflage. Ils avaient chacun un marteau, des couteaux, des machettes et un fusil avec des chargeurs. »
Le défenseur des droits de l’homme Wilson Bwambale s’est rendu sur les lieux le lendemain matin de l’attaque et décrit des scènes d’horreur insoutenables : « La police avait placé un cordon de sécurité autour du dortoir car il était encore en feu. Les corps brûlaient encore à l’intérieur. C’était horrible, car l’odeur de chair brûlée imprégnait l’air et le toit s’était effondré. »
Des vies innocentes brisées
Selon les témoignages, une responsable du dortoir a ouvert sa fenêtre pensant qu’il y avait un vol de nourriture. Un homme armé l’a alors menacée de se taire. Elle a pu voir un groupe de 5 à 10 individus en prière musulmane à genoux. Ils sont ensuite entrés chez elle et ont découvert qu’elle avait un bébé. Ils lui ont dit qu’ils ne tueraient pas les personnes avec des nourrissons. Les assaillants se sont ensuite dirigés vers le dortoir des garçons qui s’étaient enfermés à l’intérieur.
Un survivant a raconté que les terroristes y ont jeté quelque chose, peut-être une grenade, et y ont également versé de l’essence. Les matelas ont pris feu, tuant tous les étudiants, sauf deux qui ont réussi à s’échapper. Les assaillants ont ensuite pénétré dans le dortoir des filles où ils ont assassiné à la machette les 17 jeunes filles.
Cette violence indescriptible a profondément choqué le défenseur des droits de l’homme Wilson Bwambale : « C’était vraiment horrible, quelque chose que je n’avais pas vu depuis des années. »
Les autorités en quête de justice
Le président Yoweri Museveni a qualifié cette attaque d’acte « désespéré, lâche » et a promis d’éliminer les responsables de cette violence sans merci. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière de ce genre dans le pays depuis de nombreuses années. « Leur action – désespérée, lâche, terroriste – ne les sauvera pas », a déclaré le président, qui s’est exprimé pour la première fois depuis le raid commis par les membres du groupe ayant prêté allégeance à l’organisation État islamique.
Les assaillants se sont enfuis vers le parc des Virunga, situé en territoire congolais, emmenant avec eux six personnes en otage après leur attaque meurtrière, selon l’armée et la police ougandaises, qui se sont engagées à libérer ces otages. Quinze autres membres de la communauté, dont cinq filles, sont toujours portés disparus, a déclaré M. Muhindi, président du district de Kasese, qui partage une longue frontière boisée avec la République démocratique du Congo.
Une communauté sous le choc
Douze jeunes victimes provenaient du village de Wilson Bwambale. Ce dernier décrit une communauté sous le choc, de nombreuses familles ne comprenant pas la raison de cette tragédie. Selon lui, certaines familles pensent qu’elles ne pourront jamais enterrer leurs propres enfants, ce qui risque d’entraîner un traumatisme profond. La situation est extrêmement difficile, les funérailles ont commencé, mais certains corps n’ont pas encore été inhumés.
Certains jeunes, brûlés vifs, ne sont plus reconnaissables et leurs corps ont été transportés dans un laboratoire situé à 100 km d’ici, où leur ADN peut être prélevé et identifié, permettant ainsi une identification précise en vue d’une sépulture digne. Le village est plongé dans le chagrin et l’incompréhension. L’ADN est une notion peu familière pour beaucoup, et certaines familles se sentent désemparées face à l’impossibilité d’enterrer leurs propres enfants, ce qui pourrait engendrer un traumatisme et une stigmatisation à long terme.
La communauté est également divisée, certains accusant le gouvernement d’être intervenu militairement contre l’ADF dans le Congo voisin et estimant que le groupe a attaqué en représailles. Les familles réclament une enquête, mais ne s’attendent pas à une justice rapide, car elles savent que les terroristes se cachent dans la brousse. Leur seul souhait est que la guerre cesse le plus rapidement possible.